Le mythe de l’infogérance low-cost : ce qu’on vous vend vraiment
Séduisante sur le papier, l’infogérance low-cost est devenue un argument de vente incontournable. Mais derrière les promesses marketing, la réalité technique est souvent bien différente. Décryptons ensemble les mécanismes de ce mythe, les confusions entretenues entre hébergement et infogérance, et les pièges à éviter pour ne pas compromettre la stabilité de vos services numériques.
1. 🏷️ Le marché de l’infogérance low-cost : une illusion à grande échelle
Depuis quelques années, le mot infogérance est devenu une accroche commerciale presque aussi galvaudée que cloud ou IA. Résultat : des dizaines d’acteurs proposent des offres « infogérées » à des prix défiant toute concurrence – parfois pour quelques euros par mois.
Pourquoi cette tendance ?
- Commoditisation de l’hébergement : Avec l’automatisation et la standardisation des outils d’hébergement, certains prestataires maquillent des services basiques en infogérance.
- Demande croissante des PME/TPE : Ces entreprises cherchent à déléguer la gestion de leur infrastructure sans se ruiner.
- Absence de cadre réglementaire clair : Le mot infogérance n’est pas protégé ni défini légalement, chacun peut en revendiquer la pratique.
2. 📢 Marketing trompeur VS réalité technique
Les offres low-cost jouent souvent sur une confusion volontaire entre hébergement, supervision et infogérance. Or ces termes recouvrent des niveaux de service très différents.
Fonction | Ce qu’on vous promet | Ce que vous avez souvent réellement |
---|---|---|
Supervision | « On surveille vos serveurs 24/7 » | Un simple ping ou une alerte CPU par e-mail |
Sauvegarde | « Sauvegarde quotidienne incluse » | Une copie sur le même disque ou sans test de restauration |
Mises à jour | « Système toujours à jour » | Patchs manuels tous les 3 mois, parfois sans redémarrage |
Support 24/7 | « Assistance permanente » | Ticket en attente 8h sur 24h, sans SLA |
Infogérance | « On s’occupe de tout » | En réalité : vous êtes seul dès que ça devient complexe |
3. 🧠 Qu’est-ce qu’un véritable infogérant ?
Un infogérant ne se contente pas de redémarrer Apache à distance ou de vous envoyer un ticket quand un serveur est en surcharge. Voici ce qui distingue une véritable infogérance d’un hébergement maquillé :
✅ Les critères d’un infogérant sérieux :
- Prise en charge proactive : surveillance intelligente avec actions correctives automatisées ou humaines.
- Engagements contractuels (SLA) : garanties de temps de rétablissement (GTR), d’intervention (GTI), responsabilité partagée.
- Plan de sauvegarde + test de restauration régulier.
- Patch management structuré avec procédures de rollback.
- Expertise en sécurité : durcissement des serveurs (hardening), gestion des CVE, audits.
- Accompagnement stratégique : dimension conseil (scalabilité, migration, architecture).
💡 Un bon infogérant est à mi-chemin entre un DevOps, un admin système et un conseiller IT.
4. 🏗️ Le vrai coût de l’infogérance
Beaucoup de clients pensent faire une bonne affaire avec une infogérance à 19,90 €/mois. Mais quand survient un incident critique, l’absence de vrai suivi se paie cher : données perdues, site indisponible plusieurs heures (voire jours), panne mal diagnostiquée…
Coûts cachés d’une fausse infogérance :
- Temps perdu à diagnostiquer vous-même les incidents
- Interventions d’urgence hors forfait facturées à prix d’or
- Impact réputationnel sur votre marque
- Risques juridiques en cas de fuite de données (RGPD)
En réalité, une infogérance sérieuse commence rarement en dessous de 100 à 200 € HT / mois pour un environnement de production avec exigences professionnelles.
5. ⚠️ Comment ne pas se faire avoir ?
Quelques signaux d’alerte :
- Aucune documentation technique ni procédure écrite
- Support client très réactif… pour vendre, mais lent pour dépanner
- Aucun contrat SLA signé ou absence de GTR/GTI
- Pas de monitoring visible ou d’interface de suivi
- Pas de conseil proactif (optimisation, sécurité, performance)
Questions à poser avant de signer :
- Quel est le périmètre exact de l’infogérance ?
- En cas de panne : qui fait quoi, en combien de temps, et avec quelle garantie ?
- Est-ce que les sauvegardes sont testées régulièrement ?
- Suis-je alerté en temps réel, ou dois-je découvrir seul un problème ?
- Avez-vous des exemples concrets d’interventions proactives réussies ?
6. 🛡️ Hébergeur ≠ Infogérant
Beaucoup d’acteurs sont des hébergeurs ou revendeurs d’infrastructure (OVH, Scaleway, Hetzner…), mais se présentent comme des infogérants. Ce sont deux métiers très différents :
Hébergeur | Infogérant |
---|---|
Fournit l’infrastructure | Gère, sécurise et optimise vos services |
Pas responsable de la config système | Prend en charge les couches OS, middleware, applicatif |
Réactif uniquement sur matériel et réseau | Proactif sur les performances, les failles, les incidents applicatifs |
Support limité au « best effort » | Engagements contractuels (SLA, GTR, GTI) |
Conclusion : Acheter une infogérance, ce n’est pas acheter un abonnement, c’est choisir un partenaire de confiance
L’infogérance ne peut pas être une option “bonus” sur un hébergement mutualisé ou un VPS low-cost. C’est un service hautement spécialisé, qui nécessite de la compétence, de la rigueur, et une vraie proximité avec votre besoin métier.
👉 Un bon infogérant vous évite les problèmes. Un mauvais vous les cache jusqu’à ce qu’ils explosent.
🛠️ Check-list pour choisir un infogérant
- [ ] Fournit un contrat clair avec périmètre et SLA
- [ ] Assure une supervision 24/7 avec remontées d’alertes
- [ ] Fait des tests de sauvegarde/restauration mensuels
- [ ] A une expertise prouvée (références, cas clients)
- [ ] Propose une interface ou un reporting régulier
- [ ] Intervient proactivement sur les incidents
- [ ] Peut vous conseiller sur l’architecture ou la sécurité